Chronique “Moi, ça va”

Vous ne voulez pas de moi dans votre vie.

Vous n’en avez rien à faire d’une intervenante pour vous.

C’est votre proche qui est en difficulté.Vous, ça va.

Et puis d’abord, vous n’avez pas le temps de niaiser.

Si vous me téléphonez, ce sera pour savoir comment demander vos crédits d’impôt, ou si quelqu’un peut vous remplacer trois heures pendant ce rendez-vous imprévu. Et encore, si la voisine est disponible, vous allez éviter d’avoir affaire à un inconnu.

Quelqu’un qui va fourrer son nez dans vos affaires.

Quelqu’un qui va vous juger.

Quelqu’un qui va vouloir vous dire quoi faire.

Vous vous débrouillez très bien tout seul.

Non, vous ne voulez pas de moi dans votre vie.

Pourtant, si par hasard je vous rencontre en vrai… ça vous fait du bien de parler.
De comprendre que vous n’êtes pas seul à vivre la même chose.
De comprendre que c’est NORMAL.
Normal d’être frustré.
Normal de pleurer.
Normal d’être fatigué.
Normal d’en avoir marre.
Normal de ne pas savoir tout quoi faire tout le temps.
Normal de manquer de temps.
Normal de vous sentir coupable.
Normal de penser y arriver seul.
Normal de ne pas toujours y arriver calmement.
Normal de ne pas vouloir de moi dans votre vie….

Et vous me quittez, et vous vous rendez compte que ça vous a fait du bien.
Du bien d’être écouté et de prendre du recul sur votre vie.
Du bien d’avoir un regard extérieur sur votre situation.
Du bien de parler à quelqu’un sans se sentir jugé.
Du bien de savoir que c’est normal.
Du bien d’avoir ce truc à essayer face à une difficulté.
Du bien de savoir que vous n’êtes pas seul.
Et que vous êtes compétent.
Et que vous êtes investi.
Et que vous êtes en train d’apprendre.
Et que vous êtes fort, oui, mais qu’ensemble, finalement,
On est plus fort encore.

Et quand vous repartez, mon numéro dans votre poche, vous savez qu’il existe des gens disponibles. Des services. Des groupes.
Quand vous en aurez envie, vous appellerez. Quand vous traverserez une nouvelle difficulté, vous allez gagner du temps: vous allez venir me demander s’il n’y a pas un truc qui réglerait le problème plus vite.
Quand vous aurez les émotions qui serrent la gorge, vous le saurez: j’écoute sans juger et tout reste confidentiel.

Un verre ou une tasse à la main, chez vous ou à mon bureau… on jase.